Il existe une beauté pure sur une toile blanche.
En prenant mes pinceaux, je me demande parfois si l’acte de peindre ne correspondrait pas à l’acte de souiller cette beauté. « La beauté naturelle, et la beauté de création. Dans la fatalité de ces deux thèmes opposés, l’humanité nous a laissé un patrimoine artistique dépassant l’éternité… ».
Cette idée me traversa l’esprit pendant que je contemplais le travail des artisans d’une manufacture de porcelaine…
Les beaux décors dorés brillant sur la porcelaine…Ces services de vaisselle en porcelaine de Limoges, qui ont tant passionné monarchie et noblesse de France, doivent être plutôt appelés œuvres d’art. La porcelaine sortant du four, ressemble à la toile toute blanche avant l’usage du peintre.
Et c’est sur cette surface lisse, fine et translucide, que les pinceaux habiles des artisans se mettent à danser : rouge, bleu, vert, et or, les motifs dessinés sont résolument de toute grâce et finesse.
En France, la vaisselle figure traditionnellement dans la liste de mariage. Cette vaisselle est souvent utilisée pour recevoir les hôtes, quelquefois agréablement surpris par la tendre attention de la maîtresse de maison : la nappe et les fleurs pour décorer le vase, choisies en fonction de la couleur des assiettes et tasses utilisées…
Quelques jours plus tard, en visitant le musée des Arts-Décoratifs de Paris, j’y ai appris que le célèbre peintre Renoir avait été dans ses premiers temps, artisan décorateur dans une manufacture de porcelaine. C’est souvent par hasard que l’on a l’heureuse occasion de rencontrer ou d’apprendre des choses inattendues.
A la fin de la visite, j’achetai un carnet de bal en porcelaine de Limoges, trouvé dans la boutique du musée. Autrefois, les gens de la haute société y rangeaient leurs petits feuillets des prochaines danses accordées à leurs doux partenaires.
En sortant du musée, il faisait déjà nuit sous le ciel de Paris, et la lumière incertaine de la ville se confondait avec la lumière des bals de jadis…
Mami